Maestro (2023) – Ma Critique

En 2018, Bradley Cooper choisissait de passer derrière la caméra (tout en se mettant lui-même en scène) pour nous sortir A Star is Born, quatrième remake d’une histoire que l’on ne présente plus. Après le succès critique et financier du film, j’étais curieux de découvrir le prochain projet avec Cooper aux commandes. Dans Maestro, c’est la vie du compositeur de West Side Story, Leonard Bernstein, qu’il a décidé de nous raconter.

Une première partie qui mise (vraiment) tout sur la forme

Maestro propose un récit divisé en deux parties. La première partie du film -en noir et blanc- se consacre à l’ascension professionnelle du compositeur et à sa rencontre avec sa future femme, l’actrice Felicia Montealegre. Autant le dire tout de suite, c’est un début assez ennuyeux. En effet, Cooper ne nous donne aucune matière pour que l’on puisse s’attacher un minimum aux deux principaux protagonistes. Leur vie et leur relation nous sont brièvement résumées à travers des dialogues pour la plupart stériles entre d’innombrables poses clopes. J’ai le vague souvenir que l’histoire m’avait parût tellement creuse que j’avais fermé Netflix plusieurs fois avant de reprendre le film à zéro une semaine plus tard.

Dans cette partie, le réalisateur semble se préoccuper davantage de la forme que du fond. Mais est-ce au moins une réussite de ce côté là ? Et bien il y a des atouts mais c’est quand même mitigé ! Malgré de sublimes plans en noir et blanc (la photographie est belle, il faut le reconnaître), nous sommes en pleine surenchère cinématographique. Une sorte d’orgie stylistique, une fresque froide. La mise en scène et le montage nous laissent en effet l’impression d’un film qui essaye de cocher toutes les cases d’un cahier des charges visant à récolter un maximum de nominations aux Oscars. Maestro semble artificiel et manque donc de sincérité.

Je trouve que tout cela soulève néanmoins une question intéressante : à quel moment l’ambition artistique fait perdre le naturel d’une œuvre ?

Maestro noir et blanc

La seconde partie de Maestro, plus humaine mais toujours insuffisante

Maestro, un biopic qui laisse amer

La seconde partie du film est légèrement plus intéressante mais l’ellipse est difficile à digérer. La transition entre les deux parties laisse en effet un sentiment d’incomplétude. Dès l’annonce du projet, nous savions que la bisexualité du compositeur et sa relation avec sa femme allaient être le cœur l’intrigue. Mais il est regrettable que ce qui a fait le succès de Bernstein soit évoqué de manière aussi anecdotique. Il y a bien quelques scènes où Leonard porte un regard sur sa carrière, mais ce ne sont que des parenthèses.

Ce qui m’interpelle c’est la raison d’être de Maestro. Pourquoi faire un biopic se focalisant sur la vie privée de Berstein, si c’est pour nous montrer des protagonistes avec peu d’approfondissement ? Oui, dans cette seconde partie, le réalisateur s’y intéresse bien plus qu’au début du long-métrage mais il ne fait que gratter la surface avec une trajectoire scénaristique des plus classiques. Maestro a échoué là où La Femme de Tchaïkovski, qui explorait la relation entre un compositeur de renom homosexuel et son épouse, a fait carton plein.

Que reste-t-il ?

On a donc un film qui ne parle pas de la carrière de Berstein puisque ce n’est pas le sujet mais qui ne fait qu’effleurer sa vie personnelle. Du coup, que reste-t-il de pertinent dans cette deuxième partie ? Quelques moments mignons entre deux très bons acteurs bien costumés et d’excellents maquillages pour les vieillir. Bradley Cooper prouve une nouvelle fois qu’il sait se diriger sous sa propre direction et Carey Mulligan est formidable. Dans un dernier acte, l’actrice se démène pour nous émouvoir, ça marche, mais ça ne suffit pas à combler les lacunes du reste du film.

En soit Maestro n’est pas un film mauvais. C’est un film un peu superficiel qui se perd dans ses priorités. Un film qui donc n’a malheureusement pas grand chose à raconter.

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